Vêtement ignoble, révoltant, inadmissible : ce défi à l'éternel féminin! Depuis que toute la presse en parle, depuis la légitime création d'une commission parlementaire, je me sens personnellement concernée et de plus en plus partie prenante.
[vestimenta ignóbil, revoltante inadmissível: este desafio ao "eterno feminino"! Desde que a imprensa adotou o assunto e o governo criou uma comissão parlamentar para debatê-lo, eu também me sinto parte dele]
Il y a peu, la vision de ces femmes provocatrices me laissait de glace. (Il faut dire que dans notre quartier, elles sont rarissimes.) Après tout, chacune d'entre nous, croyante ou non, intégriste ou non, est libre de se vêtir à sa guise. Mais trop, c'est trop : muettes, on les tolérait ; médiatisées, elles insupportent. Quand je vois ces femmes ainsi affublées, c'est la femme occidentale, la fiancée, l'épouse et la mère en puissance - la Femme tout court, éternel archétype - celle que je m'efforce et m'honore d'être, c'est cette femme qui souffre en moi et subis l'affront.
Il y a peu, la vision de ces femmes provocatrices me laissait de glace. (Il faut dire que dans notre quartier, elles sont rarissimes.) Après tout, chacune d'entre nous, croyante ou non, intégriste ou non, est libre de se vêtir à sa guise. Mais trop, c'est trop : muettes, on les tolérait ; médiatisées, elles insupportent. Quand je vois ces femmes ainsi affublées, c'est la femme occidentale, la fiancée, l'épouse et la mère en puissance - la Femme tout court, éternel archétype - celle que je m'efforce et m'honore d'être, c'est cette femme qui souffre en moi et subis l'affront.
[Há algum tempo, a visão dessas mulheres provocadoras me deixariam petrificado (são raríssimas no meu bairro). Depois de tudo, cada uma de nós, cristã ou não, feminista ou não, é livre para se vestir como quiser. Mais exagero é exagero: mudas, nós as tolerávamos. Mediatizadas, são insuportáveis - humilham a mulher ocidental, a noiva, a esposa, a mãe - a mulher em si - esta mulher que vive em mim, que eu me esforço para ser e que sente a afronta.]
Certes, il y a d'autres tenues paradoxales dans notre univers laïc, d'autres insignes religieux, mais dans ce cas, le signe extérieur de croyance n'est pas mutilant, plutôt exaltant. En témoignent ces six oblates du Cœur Immaculé de Marie qui sont montées tout à l'heure dans mon compartiment à la station Jasmin.
[Certamente há outras vestes paradoxais no nosso universo laico, outras insígnias religiosas, mas nesse caso, o signo exterior de fé não é mutilador, é até exaltante. Vide as seis freiras do Imaculado Coração de Maria que subiram no vagão na estação Jasmim.]
Quel magnifique témoignage de vie ! Primo, ces religieuses n'étaient pas entièrement voilées, elles ; secundo, elles avaient l'air si heureuses et si épanouies, en un mot libres voire libérées ; tertio, si leur féminité apparaît, je le concède, un brin bridée (poitrine aplatie par la guimpe, sandales de corde, cartouchière en perles de buis à la ceinture...), ce n'est pas une mutilation mais une symbolique atténuation du féminin au profit d'un surcroît de décence et de Sens : hommage à leur Seigneur et Maître dont elles sont les chastes fiancées et les servantes zélées. Ce qu'a d'ailleurs très bien compris notre Président au Latran : « Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'institutrice ne pourra jamais remplacer la religieuse ou la catéchiste ! »
[Que magnífico testemunho de vida! Primeiro, o véu não era completo, segundo, elas possuíam um ar feliz e sereno, diga-se levres ou mesmo libertadas, terceiro, se a mulher aparece nelas, é sutilmente atenuada, signo de sua fidelidade a Jesus, de quem são noivas e zeladoras. Como diz o nosso Presidente em Latran: na transmissão de valores e no aprendizado da diferença entre o bem e o mal, uma professora jamais substituirá uma freira ou uma catecista!]
Mais ces femmes-là, non, non et non ! Tenue trop castratrice pour la Grâce féminine qui devrait pouvoir, de la tête aux pieds, tel un ostensoir vivant, être montrée d'une manière naturelle, sans cette pièce de vêtement qui La dénature et La caricature. Le plus inquiétant pour notre vivre ensemble, c'est que ces femmes de moins en moins minoritaires, étrangement dès que survient l'été, ne semblent pas gênées par nos regards désapprobateurs. Elles vaquent à leurs occupations en coulant un regard oblique. Sans doute s'imaginent-elles que leur tenue monstrueuse est devenue banale en devenant tendance ; que la sincérité du cœur et la liberté intérieure peuvent servir en France de laissez-passer ! Elles ont tort, elles aggravent leur cas, elles sont non seulement inquiétantes mais dangereuses car, même si elles se sentent nues sans cette tenue, elles ne peuvent impunément bafouer leur dignité de Femme en contresignant par leur emblème vestimentaire leur propre esclavage et leur statut ancillaire.
[Mas essas mulheres aí, não e não! Castração da graça feminina, que deveria poder aparecer dos pés à cabeça, como um estandarte vivo, de maneira natural, sem essa peça de roupa que a degenera e estereotipa. O mais inquietante para os que vivem em sociedade é que essas mulheres são cada vez menos minoritárias, e estranhamente, quando chega o verão, não se sentem incomodadas pelo nosso olhar desaprovador. Sem dúvida, imaginam que sua roupa monstruosa se tornou banal por ser uma tendência; que a sinceridade do coração e a liberdade interior podem servir de salvo conduto na França! Elas estão equivocadas, e agravam sua situação: não são somente inquietantes, mais perigosas pois, se se semtem nuas sem essas roupas, não podem debochar impunemente de sua dignidade feminina assinando pela vestimenta a escravidão e o estatuto de mulher inferiorizada.]
Certes, je sais que si une loi interdisait ce genre de vêtement, ces femmes vivraient recluses chez elles. Mais qu'importe si notre morale républicaine est sauve ! J'ai cinq enfants, je suis fidèle pratiquante mais très tolérante, que puis-je leur dire lorsqu'ils s'enfuient en hurlant de peur ? Ou sont troublés, surtout mes garçons qui ne les lâchent pas des yeux. Qu'imaginent-ils ? Qu'entrevoient-ils de l'étroite fente où palpite leur mystère ? À l'évidence, nos jeunes sont choqués. Plus qu'un choc de civilisation, un viol de leur structuration. C'est donc ça une femme ?! Pire, Adélaïde, notre aînée, m'a suffoquée quand, à la vue de ces zombies, elle m'a avoué être tentée par ce genre de tenue décalée. Un must, disait-elle ! Hier encore invisibles ici, il a fallu une seule d'entre ces femmes pour provoquer chez nous une crise identitaire et un véritable séisme familial !
[Certamente, acredito que se uma lei proibisse esse gênero de vestimenta, essas mulheres viveriam reclusas em suas casas. Mas o que isso importa, se nossa moral republicana for salva! Tenho cinco filhos, sou praticante fiel mas tolerante, o que posso dizer quando eles fogem gritando de medo? Ou ficam atormentados, sobretudo os meus garotos, que não as perdem jamais de vista? O que eles imaginam? O que podem entrever pela estreita fenda onde palpita o mestério? Evidentemente, nossos jovens estão chocados. Mais que um choque de civilização, uma violação de sua estruturação. Será isto uma mulher?! Pior, Adelaide, nossa filha mais velha, me sufocou quando me disse que se sentia tentada por esse tipo de roupa deslocada. Um must, disse ela! Ontem invisíveis, hoje basta uma única representante dessas mulheres para provocar entre nós uma crise de identidade e um terremoto familiar!]
C'est pourquoi je demande un referendum, je lance sur la toile une pétition, j'assiège dès demain la permanence de mon député. D'ailleurs, Notre Guide Bien-aimé ne vient-il pas de rappeler à Versailles qu'une telle tenue ici n'est pas la bienvenue ? Oui, pour la survie de nos valeurs, pour l'édification de nos filles et de nos fils, mobilisons-nous toutes et tous afin que, dans la France de 2009, patrie de la Parité, sur la voie publique, partout et toujours, soient désormais prohibés et sévèrement sanctionnés par le législateur ces deux accessoires féminicides du prêt-à-peloter : le piercing au nombril et cette diabolique jupette dénommée Haraduku.
[Por isso eu peço um referendo, jogo na web uma petição, eu exijo desde amanhã a ação do deputado em que votei. Nosso presidente não disse em Versailles que sse tipo de roupa não é bem-vindo na França? Sim, pela perseverança dos nossos valores, pela edificação de nossas filhas e filhos, mobilizemo-nos todos a fim de que, na França de 2009, pátria da igualdade, na via pública, em todos os lugares e sempre, sejam daqui pra frente proibidas e severamente punidas pela lei esses dois acessórios femicidas do prêt-a-tirar: O piercing no umbigo e essa coisa diabólica chamada micro-saia.]Michel Bellin, para o Lemonde